Les autoroutes ferroviaires sont en pleine expansion, les nouvelles lignes constituent autant opportunités à ne pas manquer pour les transporteurs routiers européens. Le 12 janvier 2016, VIIA lancera son nouveau service VIIA Britanica entre Calais et Le Boulou permettant de relier l’Espagne au Royaume-Uni. D’autres projets devraient voir le jour très rapidement.
1 – En Juillet dernier, le Port de Barcelone a annoncé le lancement d’une autoroute ferroviaire entre Barcelone et Paris en 2019 – qu’est-ce que cela signifie pour VIIA ?
Vous savez que VIIA a signifié depuis plusieurs années l’intérêt que nous portions au développement d’Autoroutes Ferroviaires au départ de Barcelone.
L’annonce de la volonté de construire un terminal d’autoroute ferroviaire à Barcelone par le Port de Barcelone et les autorités compétentes de Catalogne lors d’une conférence de presse le 31 juillet dernier est un acte fort dans le développement d’un réseau européen d’autoroutes ferroviaires.
L’objectif de la conférence était d’annoncer leur volonté d’établir à l’horizon 2019, un terminal intermodal de semi-remorques au sein du Port de Barcelone. Selon les dires de Santi Vila, ce terminal permettrait au marché ibérique de s’ouvrir davantage au reste de l’Europe.
À l’heure actuelle, le ferroviaire voit en effet transiter 2 % des marchandises allant de l’Espagne vers l’Europe. Et en augmentant ce ratio, ce nouveau terminal permettrait alors de développer la compétitivité Catalane et Espagnole, de dynamiser le secteur du transport de marchandises et enfin de réduire les émissions de C02 de plusieurs dizaines de milliers de tonnes par ans.
Avec cette annonce, les Autoroutes Ferroviaires changent de statut et passent d’un système connu à un système reconnu et c’est un pas décisif dans le développement du fret ferroviaire en Europe.
Nous ressentons déjà ce changement au Nord de l’Europe avec la construction du nouveau terminal de Bettembourg d’une capacité de production de 300 000 semi-remorques et 300 000 containers par an. La mise en service est prévue pour le premier semestre 2016.
Vue aérienne du terminal du Boulou (frontière franco-espagnole).
2 – Vous avez annoncé dernièrement le lancement de VIIA Britanica entre le Boulou et Calais. Quelles sont les perspectives pour cette nouvelle ligne ?
Après l’AFA et Lorry-Rail, VIIA Britanica est la 3e ligne mise en service par le groupe. Le lancement commercial est fixé au 12 janvier 2016 et les tickets sont déjà en vente.
Avec 2 A/R quotidiens dès la première année c’est une évolution importante pour VIIA puisque cela signifie passer la barre des 100 trains produits par semaine sur 3 axes.
Il suffit de regarder le nombre de camions espagnols à Calais pour savoir que l’Angleterre est une destination importante pour les transporteurs routiers espagnols tous secteurs confondus. L’activité frigorifique y est largement représentée. Les leaders de la grande distribution au Royaume-Uni sont également très demandeurs de solutions de transport durables et innovantes.
Une fois de plus le succès commercial de cette ligne sera basé sur la capacité du marché à s’organiser autour de notre service dans une logique de flux équilibrés.
Ceci dit, le transit time, l’accès facilité au port de Calais, la fréquence des départs, l’offre intégrée RO-RO-RAIL et l’augmentation de productivité inhérente au modèle Non Accompagné font de VIIA Britanica une offre innovante et pertinente sur le marché.
Plusieurs transporteurs routiers dont certains déjà utilisateurs de nos autres lignes ont d’ores et déjà confirmé leur engagement.
Dans le cas de VIIA Britanica le produit ferroviaire n’est qu’une composante du service non accompagné. Il s’intégre dans la volonté du Port de Calais de développer une offre non-accompagnée et dans l’élan des compagnies maritimes de proposer des services nouveaux vers l’Angleterre et les Pays nordiques au départ de Calais.
Ce n’est donc pas juste la ligne Calais – Le Boulou qui apporte une nouveauté, c’est une réflexion plus large autour de Calais qui entraine déjà une réorganisation des flux et des organisations logistiques.
Le rapprochement entre les compagnies ferroviaires et les compagnies maritimes est inéluctable et va s’accentuer dans un avenir proche. Il répond au besoin des deux parties de sécuriser des volumes notamment dans les phases de démarrage. Il répond surtout au besoin du marché, des clients transporteurs routiers et opérateurs logistiques d’avoir une offre intégrée de bout en bout.
Chantier du nouveau terminal VIIA au sein du Port de Calais.
3 – Quelles conclusions tirez-vous pour le premier semestre 2015 et quelle est votre vision pour le développement de votre offre multimodale ?
Nous avons des raisons de nous satisfaire des résultats du premier semestre 2015 en ligne avec nos objectifs ; notamment sur l’activité frigorifique pour laquelle nous avons développé un solide savoir-faire.
Beaucoup pensent encore que la faible part du transport ferroviaire en Europe est due au manque de demande de la part du monde routier notamment. Je fais partie de ceux qui croient que c’est l’offre qui fait défaut et nous travaillons pour proposer rapidement plus de lignes constituant un réseau performant et plus de fréquence sur la base de notre modèle.
Les chargeurs et les transporteurs savent que l’avenir passe par l’intermodalité, il n’y a pas de débat sur le sujet. Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à s’engager à nos côtés y compris en provenance des pays d’Europe de l’Est.
C’est à nous opérateur ferroviaire d’apporter des solutions toujours plus fiables et plus proches des niveaux d’exigences imposés par le marché tout en continuant d’enlever tous les freins à l’accessibilité au ferroviaire.
Cela passe par une « multimodalité collaborative ». Depuis 2007 nous avons constitué les bases d’une Communauté qui se développe chaque jour.
Chaque jour nos clients se parlent dans une logique d’optimisation, ils échangent, chargeurs et transporteurs s’articulent autour d’une solution reconnue, économiquement et écologiquement optimisée.
À nous d’accompagner cette Communauté dans son développement naturel, de l’animer et de la suivre dans ses projets à travers des outils digitaux innovants (par exemple VIIA+, la première Bourse de Fret Multimodale) et des offres commerciales dynamiques.
Chargement d’une semi frigo sur le terminal de Bettembourg (Luxembourg).
